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Page:Mélanges de littérature française du moyen âge.djvu/138

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134 L EPOPEE

remanieur, dont j'aurai à m'occuper dans un prochain article, a feint que Julien de Saint-Gilles, auquel il fobrique une histoire romanesque, était le fils d'un des personnages de son poème : c'est simplement une preuve de la célébrité de ce nom '. Au début de notre chanson. Julien rappelle Uii-mème ses exploits d'une manière d'autant plus intéressante que les allusions qu'il fliit sont pour nous obscures, se rapportant à des poèmes que nous n'avons pas. Il nous raconte ainsi qu'il a toute sa vie com- battu les Sarrasins, et qu'en un jour, sous Beaulande % il en a tué seul plus de quinze ; il dit à son fils (notez que ces vers se trouvent dans la laisse décasyllabique) :

« 

S'avras l'espee que je portai de Trapes ',

Quant Aïmers i fïst le vasselage Qu'il en ocist Anseïs de Cartage ♦.

L'histoire de son mariage devait être connue des auditeurs du nouveau poème, à en juger par la brève allusion qu'il y fait :

De ma mollicr que je moût pris en haste 5 Ai je un fil. . .

On a dit, non sans raison, que d'ordinaire, dans l'épopée

��1. Il ne s'ensuit pas, comme le disent les éditeurs de Raoul, que ce rema- nieur ait connu Elie de Saint-Gilles. — Ce remanieur a eu l'idée bizarre de donner au nom de Julien celui de Gilles pour étvmologie.

2. Ce nom de Beaulande, qui n'est plus guère connu que comme le sur- nom d'Ernaud de Beaulande, prétendu père d'Aimeri de Narbonne, est inti- mement lié à la partie la plus ancienne et la moins connue de l'épopée nar- bonnaise.

3. Quel est ce pays? M. Raynaud propose, avec peu de vraisemblance, Trébizonde. Dans la Chanson de Roland, v. 3042, M. C. Hofmann, s'appuvant sur le manuscrit de Venise, lit // dus de Traspe au lieu de // dus de Trace.

4. Ce nom doit être altéré ; Anseïs est un nom chrétien et non sarrasin, et Anseïs de Cartage est le héros, chrétien et français, d'un poème connu [cf., ci-dessous, p. 169 sqq., .4nseïs de Carthage et la Seconda Spai;na'\.

5. Ces quelques mots suffisent à indiquer que c'était sans doute une prin- cesse sarrasine, conquise par Julien, et non la sœur de Guillaume d'Orange, comme le veut notre poème dans son état actuel.

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