Aller au contenu

Page:Mélanges de littérature française du moyen âge.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

140 L EPOPEE

plusieurs formules dont la provenance épique n'est pas douteuse. Dans V Alexandre comme dans le Boêce l'assonance, forme assu- rément plus ancienne, est à peu près complètement remplacée par la rime ; on peut attribuer cette circonstance au fait que ces deux poèmes sont l'œuvre de clercs, qui ont imité les rimes de la poésie latine en honneur de leur temps ; mais si l'on considère que l'ensemble de la poésie provençale ne nous présente à peu près aucun exemple d'assonance, bien qu'elle se soit produite entre l'Espagne et la France du Nord, nous serons portés à conclure que de très bonne heure, au Midi, on trouva l'assonance insuffisante et on ajouta à l'homophonie de la dernière voyelle tonique du vers celle des consonnes qui la suivaient. Ainsi nous pouvons admettre avec vraisemblance que, aux x*" et xi*^ siècles, il existait, dans les régions méridio- nales de la France, une poésie épique ayant la même forme que celle des régions septentrionales (sauf la rime substituée à l'assonance) et en partie au moins les mêmes sujets. Cette poésie épique a presque complètement péri, sous l'influence de causes que je n'ai pas ici à rechercher. Une tout autre question est de savoir si, dans l'épopée française, qui, du xi*^ au xiV siècle, nous a laissé au contraire de nombreux monuments, il ne s'est pas conservé des restes de l'épopée provençale. Sur ce point les critiques ne sont pas d'accord, et plusieurs, parmi lesquels M. Paul Meyer occupe le premier rang, contestent absolument la survivance de poèmes méridionaux dans des poèmes français. Ce n'est pas le lieu de reprendre une discus- sion qui demanderait de longs éclaircissements, et dont tous les éléments ne sont pas encore réunis. Je me bornerai à faire remarquer que rien ne serait plus conforme à ce que nous savons du développement de l'épopée française que de lui attri- buer l'annexion d'éléments appartenant originairement aux provinces méridionales. Dans la phase à laquelle remontent la plupart des monuments qui nous en sont parvenus, cette épo- pée est essentiellement cyclique : elle s'est formée, grâce au travail continu de plusieurs générations de rapsodes, en rappro-

��préscntc la même forme que V Alexandre et le Roi Louis [Vie retrouvée et publiée par M. J. Leite de Vasconcellos, Rojimiiiti, XXXI, 177 sq.].

�� �