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24 LITTERATURE FRANÇAISE AU MOYEN AGE

en dialectes divers, et, lors de la romanisation, les particularités de ces dialectes devaient nécessairement être transportées au latin parlé par les Gaulois. Ainsi une diversité de dialectes romans (en Gaule) est assurée dès l'origine. Les plus anciens monuments littéraires nous montrent quatre domaines dialec- taux : le gascon au Sud- Ouest, le provençal dans la vaste région du Sud, le moyen-rhodanien autour du coude du Rhône et dans la plus grande partie de la Suisse romande, le français. » (P. 4.) Il semblerait que ces quatre divisions répondent à celles qu'in- dique César. Or, que dit César ? Que la Gaule est habitée par trois peuples qui « diffèrent entre eux par la langue^ les mœurs et les institutions » : les Aquitains, les Belges et les Gaulois proprement dits. Les Aquitains n'étaient pas des Celtes ; la seule différence dialectale marquée par César se trouverait donc entre les Belges et les Gaulois; mais, d'une part, il n'y a entre les parlers romans de la France du Nord aucune limite qui corres- ponde à la limite des territoires belge et gaulois, et, d'autre part, le renseignement donné par César est inexact, comme le montre la parfaite identité des noms celtiques de lieux et d'hommes dans les deux territoires. Les quatre divisions dialec- tales admises par M. Suchier, — et que je ne veux pas discuter ici, — ne correspondent en rien à aucune division dialectale gauloise indiquée par César ou par n'importe qui '. Je ne crois pas, pour ma part, à l'influence sur le gallo-roman, non seule- ment des dialectes gaulois, mais du gaulois lui-même. M. Suchier y revient encore plus loin : « La nation française doit aux Gau- lois son sang, ses particularités physiques, ses dispositions psy- chiques; aux Romains, avant tout, sa langue qui, à la vérité, a subi l'influence gauloise plus que nous ne pouvons le démon- trer aujourd'hui. >-> (P. 7.) Sur quoi s'appuie une assertion qu'on ne peut démontrer ? Ces idées me semblent des restes d'an- ciennes théories que fera disparaître l'étude de plus en plus objective de l'évolution du latin en France. Si on examine les quatre grands dialectes de M. Suchier, on voit que leurs différences sont de telle nature qu'elles n'ont dû commencer

��I . Le domaine du gascon ne correspond pas non plus au domaine aqui- tain.

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