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Page:Mélanges de littérature française du moyen âge.djvu/311

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CLIGÈS 307

considère, au contraire, comme un arrangement assez mallia- bile, où il est aisé de relever des foutes de composition cho- quantes '. La transformation même que Chrétien a fait subir au thème, en appelant la sympathie sur les amants, n'a pas été effectuée avec beaucoup d'art. Les relations de Cligès avec Alis ^ sont louches : Cligès accepte l'amitié de son oncle, ses faveurs et ses riches présents ^ ; il ne proteste pas contre son mariage et ne vient que longtemps après, quand il a enlevé Fénice, dénoncer ce mariage à Arthur comme un manquement de foi '*.

��rische Bearbeitung eines alten, génial modificirten und complicirten kurzen StofFes, der mit aller einem Meister zu Gebote stehenden Phantasie ausge- schmûckt zugleich ein moralpsychologisches Probleni vor den Augen der entzûckter Léser conséquent durchfùhrt. » Dans la préface et les notes de la présente édition, cet enthousiasme semble notablement rafraîchi.

1 . Je les résume ici pour en montrer le nombre et la gravité (je rappelle que M. Fôrster en a lui-même signalé plus d'une) : les médecins grecs ne tâtent pas le corps de Fénice pour voir si le cœur bat encore ; — les médecins de Salerne ne s'aperçoivent pas qu'elle est sous l'empire d'un stupéfiant ; — Cligès n'est pas mis au courant de l'emploi de ce moyen ; — tous les barons grecs tombent pâmés en même temps pour laisser Jean arranger le corps à sa guise ; — tous les chevaliers chargés de veiller au cimetière s'endorment ; — Thessala n'est pas là pour recevoir Fénice ; — Fénice reste quinze mois sous terre, bien que, dès qu'elle exprime le désir de prendre l'air, on déclare la chose très facile ; — le mur du verger est infranchissable, et on le franchit sans aucune peine.

2. Le caractère d'Alis est tracé d'une façon très incertaine, et je ne puis trouver avec M. Fôrster (grande éd., p. xvii) que « du commencement à la fin il possède notre complet mépris » : sauf son manque de foi (dii à de mauvais conseils), il est peint de couleurs très favorables, bon, généreux, aimant tendrement et sa femme et son neveu ; à la fin seulement, quand il apprend les tromperies dont il a été victime, il se montre violent et vindicatif.

3. Quand Cligès part pour la Bretagne, son oncle lui donne tous les che- vaux qu'il voudra choisir, et « plus d'un setier d'or et d'argent » (v. 4274 et suiv.) ; plus tard, comme on l'a vu, il lui abandonne tout ce qu'il a sauf la couronne (v. 5143 et suiv.). En toute rencontre il lui témoigne la plus sin- cère affection.

4. Si une idée morale avait vraiment préoccupé le poète, ce qui était indi- qué, c'était, quand les héros se sont avoué leur mutuel amour, de faire par Cligès revendiquer le trône et par Fénice demander l'annulation du mariage, non consenti et non consommé.

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