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M. ROQUES

développé la seconde, relative au « procédé essentiel » qui nous assure l’estime des honnêtes gens, cette partie morale du projet de 1689, — si mon interprétation est juste, — qu’il n’avait pas eu le temps de traiter. Mais toute la première conversation est consacrée aus « manières d’agir extérieures » et surtout aus « moyens de plaire dans la conversation ». Quelques lignes suffisent à résumer ce que l’auteur a déjà écrit sur les bons mots, les mots favoris, les expressions basses. Heureusement pour nous il se souvient qu’il n’a pas publié son traité de la prononciation ^ et, au détriment de la symétrie, il insiste sur les fautes contre le bon usage en cette matière. Toutes ses remarques ne sont pas neuves et on les souhaiterait plus nombreuses et plus précises, elles complètent cependant sur certains points le recueil de Thurot ; il m’a paru que cela suffisait ; légitimer la réimpression de quelques pages d’un livre que les grammairiens semblent avoir négligé jusqu’ici pour l’avoir jugé, non pas même sur l’apparence qui les eût avertis, mais sur le titre. J’y ai joint les rares remarques sur la prononciation que j’ai relevées dans les Mots à la mode et le traité Du bon tisane. Un index alpliabétique, des renvois à la Prononciation française de Thurot permettront de fondre dans ce recueil les remarques de Callières.

De la science du monde
Chapitre IV

[P. 35]… Il me semble, reprit le Duc, que pour plaire dans la conversation des gens du monde, la connoissance parfaite Jcsbeautez & des délicatesses de la Langue du païs où nous vivons, est plus nécessaire que celle des Langues mortes & qu’il faut éviter de tomber dans le ridicule de certains sçavans, qui n’estiment que ce que les anciens ont dit en Grec & en Latin, qui en font souvent des citations qu’on ne leur demande pas, & et qui d force d’étudier ces deux Langues, ont oublié, ou n’ont jamais bien sçû leur Langue maternelle.

La connoissance de ces Langues, répondit le Commandeur, est trcs-utile pour enrichir la nôtre des belles & nobles productions [36] qui nous restent de ces sublimes génies de la bonne antiquité, à qui nous devons les plus belles idées que nous aîons des Sciences & le bon goût de la vraie éloquence : mais les Langues mortes doivent être particulièrement considérées comme des