Page:Mélesville et Carmouche - La permission de dix heures.pdf/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LANTERNICK, la bouche béante.

Che suis pattu… pattu à plates coutures. (Se dirigeant à droite.) Ch’ai plis qu’à me replier sur mes terrières ! (Il s’assied.)

LAROSE, à part et passant à gauche.

Non pas, mille carabines !… j’ai juré qu’il serait mon oncle… et il le sera ! (L’abordant.) Eh bien ! sergent… vous avez l’air tout chose !

LANTERNICK, tristement.

Mame Chopin m’a dit : Chamais !

LAROSE.

Bah !… quand les femmes disent : Jamais ! ça veut dire : au revoir !… Voyons, êtes-vous décidé à quelque chose de souverain ?… un enlèvement… Les femme adorent ça !

LANTERNICK.

Ah ! foui !… L’enlèfement des Romaines par les Sapins… On dit qu’elles étaient fâchées. (Riant.) Mais c’était pas vrai… pas vrai ?…

LAROSE, entre ses dents.

Eh ! non… c’est un bruit que les Romains ont fait courir !… vous concevez… un enlèvement… n’y aura plus moyen de s’en dédire…

LANTERNICK, électrisé.

C’est tit !… Je renlèfe…

LAROSE, l’excitant…

Ce soir… à neuf heures !

LANTERNICK, saisi.

Ah ! pristi !… Ch’ai, pas de bermission !… Et la retraite qui va pattre à huit heures !…

LAROSE.

Et les amis, donc ?… Lisez Télémaque… Quand Pylade n’avait pas de permission de dix heures, son ami Castor lui prêtait la sienne. (Il tire un papier.) La voilà…

LANTERNICK, l’embrassant.

Ah ! tu es mon Castor ! (Regardant le papier.) C’est pien ça… bermission… (Il le met dans sa poche.)