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assidûment au catéchisme. Quelques cantiques qu’il aimoit beaucoup à frédonner, faisoient toute sa science : ce fut la cause de son avancement. Le respectable M. Petitier, curé de Taroiseau, qui vit encore, se promenoit dans les champs la veille de la Pentecôte ; il entend chanter un assez long Cantique sur le mystère du lendemain ; il s’approche du petit berger pour lui dire quelques paroles d’encouragement, et lui faire de petites questions ; il lui demande s’il est assidu à l’école. Le jeune homme lui répond qu’il n’y va pas. Comment donc, dit le Pasteur étonné, avez vous pu apprendre ce cantique, ne sachant pas lire ? Je l’ai ouï chanter cinq ou six fois, répond l’enfant, et je l’ai retenu. M, Petitier découvrant en lui des dispositions heureuses, lui dit : je veux que vous alliez à l’école, j’en parlerai à vos parens, je m’arrangerai avec eux ; je veux aussi que vous assistiez exactement au catéchisme ; cela n’empêchera pas que vous leur soyez utile, en continuant de garder les troupeaux.

M. Petitier alla voir les parens de Louis Renaud, et en obtint facilement ce qu’il demandoit. Il le confia à un maître, et le recommanda à ses soins. Le jeune écolier fit des progrès rapides, il s’appliquoit beaucoup ; il emportoit son livre dans les champs, et mêloit à la vie pastorale les occupations de l’étude. Au bout de six mois il écrivoit et lisoit assez bien. Son bienfaiteur alors voulut bien consacrer une heure par jour à son instruction ; il lui enseigna la grammaire. Après huit mois de soins particuliers il parla à M. de Précy, seigneur de Taroiseau, et lui vanta les progrès du jeune Renaud. Il fut projetté de le placer au collége d’Avallon, en qualité de portier, sous la condition qu’un régent, de la connoissance de M. de Précy, se chargeroit de son éducation. Ce projet échoua ; par l’opposition d’un professeur qui dit : que Louis étoit né pour travailler à la terre, et qu’il falloit qu’il restât dans son état.

Le Seigneur, qui lui fermoit cette voie, ne l’abandonna pas. Le jeune Louis fut envoyé à St.-Palais, sous un bon maître ; bientôt après il fut reçu dans la communauté de St. Charles d’Auxerre ; ce fut là qu’il puisa la science des Saints pour la