Page:Mémoire justificatif des hommes de couleur de la Martinique condamnés.djvu/13

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ceux que les juges mêmes les plus égarés ne pouvaient trouver coupables.

Le crime de tous ces hommes, c’est-à-dire de la classe entière des hommes de couleur libres qu’ils représentent, n’est autre (la suite de ce mémoire ne laissera aucun doute sur ce point) que d’avoir voulu que la qualification d’hommes libres ne fût pas pour eux un vain mot, et d’avoir demandé qu’on leur rendît les droits qu’ils tiennent de leur naissance et de la volonté de la loi, et que des réglemens locaux et tyranniques faits loin de la métropole leur avaient ravis.

Après avoir défendu, au péril de leur vie, la propriété et la vie des blancs au mont Carbet, ils ont cru que le temps était arrivé de réclamer la jouissance entière des droits civils et domestiques, et le libre exercice des professions qui les font vivre, eux et leurs familles. Leur ambition ne s’élevait pas jusqu’aux droits politiques qui leur sont accordés dans les colonies anglaises.

Le représentant direct du roi à la Martinique était leur confident et leur organe auprès de la métropole.

Malheureusement il transpira quelque chose de leurs humbles suppliques ; les blancs qui, écrasés par une dette de plus de 80 millions, depuis long-temps voient avec une secrète jalousie les progrès toujours croissans de cette population libre, qui les surpasse en vigueur de corps et peut-être aussi en amour du travail et