Aller au contenu

Page:Mémoire pour le sieur Pierre Lesens, capitaine de navire, de présent en la ville des Cayes.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[ 5 ]

malheureuſement victime ? Le malheur d’avoir été forcé à pourſuivre un perſonnage auguste de la petite ville où il avoit vendu ſes Nègres, le deſir de faire promptement ſes recouvremens, & d’aller au plutôt en France rendre compte à ſes armateurs.

Le Sieur Leſens l’avoue, il a eu à ſe repentir d’avoir vendu à crédit & de s’être adreſſé pour ſon paiement à une perſonne puiſſante comme ſon premier adverſaire. Depuis ce temps il n’a ceſſé d’être ſa victime, & c’est ce même adverſaire qui ſouffle par-tout le feu qui le conſume. Quand on connoît les hommes & les petits endroits, on n’a pas de peine à recevoir cette vérité. On ſait combien les hommes font exigeans, & ils le ſont d’autant plus que leur autorité est précaire !

Enfin le Sieur Gringuet lui-même, malgré l’eſpèce de ſatisfaction naturelle qu’il éprouve à perſécuter les autres, n’auroit pas eu le courage de s’acharner au Sieur Leſens, ſi une inſpiration étrangère ne le faiſoit agir, & ſi ſon intérêt particulier ne le portoit à ſervir la vengeance la plus injuste & la plus déplacée.

Quoi qu’il en ſoit, le Sieur Leſens doit compte de ſa conduite aux Magistrats, au Public, & ſon occupation va être déſormais de prouver, clair comme le jour, que les inculpations outrageantes que le Sieur Gringuet oſe lui faire comme ſe diſant fondé de procuration, ſont le produit de la plus affreuſe calomnie, & qu’elles ſont non