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Page:Mémoire sur l'indépendance de l'Ukraine, présenté à la Conférence de la paix par la Délégation de la République ukrainienne (1919).djvu/39

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5. L’Union avec la Russie et la lutte pour l’indépendance.

La Pologne restait l’ennemi le plus dangereux pour l’Ukraine et le plus détesté par la masse du peuple qui ne pouvait pas oublier l’oppression de la féodalité polonaise. Après des années de victoire, Bohdan Khmelnytzki menacé par des forces puissantes, s’adressa au tsar moscovite, lui proposant une alliance militaire contre la Pologne, en vue de délivrer toutes les terres ukrainiennes. En 1654, à Péréaslav, il convoqua la Rada qui approuva une union suivant laquelle elle reconnaissait l’autorité suprême du tsar, tandis que l’hetman conservait ses pouvoirs anciens. Ce dernier devait continuer à être élu par la Rada des Cosaques qui se bornait à notifier au tsar le résultat de l’élection. L’hetman avait le droit de recruter librement ses Cosaques, d’entretenir à son gré des relations diplomatiques avec les États étrangers, en tenant toutefois le tsar au courant de ses actes. L’Ukraine restait un État indépendant. L’union n’était pas contractée avec l’État russe, mais avec la personne seule du tsar. Toute l’organisation de la République ukrainienne, son administration, ses tribunaux, ses finances, toutes ses libertés demeuraient intactes.

Mais Bohdan Khmelnytzki lui-même ne tarda pas à regretter cette union. Il constata bientôt que le tsar n’avait pas l’intention de tenir compte de ce traité. Les Moscovites s’immisçaient peu à peu dans les affaires intérieures de l’Ukraine. D’autre part, l’aide donnée par le tsar contre la Pologne n’était pas satisfaisante. Les Moscovites entraient en pourparlers avec les Polonais à l’insu des délégués ukrainiens, et même contre leur volonté, ce qui inquiétait fort ces derniers.

La situation de l’Ukraine devint terrible. À la suite du traité d’Androusov, conclu en 1667 entre la Pologne et la Moscovie, l’Ukraine avait été divisée : la partie occidentale (sans Kiev) devenait polonaise ; la partie orientale restait sous l’influence moscovite. En 1681, par le traité turco-moscovite, tout le terri-