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DE CORA PEARL

quel bruit léger me réveille. Je vois le duc dans un fauteuil, ronflant à s’égorger. Très étonnée, je ne fais aucun bruit, et m’amuse à faire avec un jeu de cartes minuscules, qui se trouvait sur la table, une patience qui ne dure pas moins d’une heure. Le duc se réveille et se met à rire.

— Tu dormais de si bon cœur, me dit-il, que je m’en serais voulu de te tirer de tes doux rêves.

— Et vous avez ronflé d’un tel appétit, que je me serais fait une conscience de troubler votre repos.

C’est l’unique fois que je l’aie vu dormir dans la journée.

Du reste, comme j’ai eu déjà l’occasion de le dire, il adorait ses aises, mettait volontiers les pieds sur la chaise, qui se trouvait devant celle où il était assis ; et protestait souvent contre la tyrannie des gilets incommodément fermés. D’appétit très modéré à ses repas, il avait quelquefois des fringales. Alors il achetait chez le premier boulanger venu un petit pain qu’il fourrait dans sa poche et grigno-