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MÉMOIRES

le soir, c’étaient d’interminables lectures… mais rien que des récits de voyages, par « quelqu’un qui y était allé » car ma grand’mère, sur ce chapitre, tenait plus encore à la vérité qu’à la vraisemblance. Ces lectures, qui faisaient mon désespoir, lui causaient un plaisir extrême : elle rêvait, la nuit, aux précipices dans lesquels on tombe, avec un soubresaut qui vous réveille. Le dimanche, j’allais voir ma mère. Une bonne m’accompagnait. Ma mère m’envoyait le matin à l’église, où la servante me laissait. La promenade lui était nécessaire.

Je n’avais pas quatorze ans ; je portais une robe courte et une natte de pensionnaire. J’étais assez gentille, et pas trop timide. J’avais le teint excessivement frais. D’ordinaire, l’office terminé, je rentrais chez maman. Quelquefois je revenais chez madame Waats. Cela dépendait un peu des dispositions de mon beau-père. Quand il était absent, je restais tout le jour avec mes sœurs.

Un dimanche, au sortir de l’église, je ne trouvai pas ma bonne. Elle s’était oubliée dans