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Page:Mémoires de Cora Pearl, Ed. Levy, 1886.djvu/21

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MÉMOIRES

quand je lui conterai ma petite histoire ! Qui sait si maintenant elle ne me laissera pas sortir seule ? Il n’y a aucun danger. Je suis grande !

Et je suivais le monsieur. Pourquoi ne l’aurais-je pas suivi ? Je n’étais pas vicieuse, oh non ! pas même curieuse. Et pourtant je me disais : « C’est drôle tout de même ! » non par défiance, — je ne savais rien de rien — mais avec un de ces petits étonnements qui vous font sourire — en dedans.

Chemin faisant, je jetais un coup d’œil du côté de mon cicerone : il me parut vieux. Il avait trente-cinq ans peut-être : mais une enfant de quatorze ans donnerait des béquilles à un homme de trente, et à un de quarante, un abat-jour vert.

L’homme me conduisit dans une grande maison, derrière le Marché, à l’angle de laquelle je vois encore un enfant en guenilles, à qui je donnai un penny. — C’est singulier comme certains souvenirs vous reviennent ! — On entre dans la maison, puis dans une salle très basse, où il y avait beaucoup de monde.