Page:Mémoires de Cora Pearl, Ed. Levy, 1886.djvu/272

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dir à l’expulsion « d’une personne de mon espèce. » Pour eux le procès était jugé d’avance. La plupart de ceux qui approuvaient le châtiment qu’on m’infligeait, étaient eux-mêmes « les honnêtes gens » : ils tenaient fort à cette qualification, qu’il n’auraient pas craint pourtant de perdre en daignant me rendre quelquefois visite. Mais ils auraient eu peur de faire paraître un peu de sympathie pour une femme qui avait cessé d’être heureuse. Je baissais dans leur estime en raison même de ma disgrâce. Autre temps, autre toise !

Le comte revint donc inutilement : je n’étais pas de retour. Il ne désespérait pas pour cela de me trouver, il revint encore, puis encore, et si souvent que les concierges m’informèrent de ces visites par la plume de l’excellente madame Bourdille, dont voici le récit fidèle :

« Un monsieur dans les trente ans est venu lundi, il est revenu mercredi et puis jeudi. Il a dit : « Elle est raide tout de même ! — Nous lui avons dit : Pour sûr ! » Ce monsieur