Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/90

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homme parmi les membres de ce grand corps politique, auquel la France doit la plupart des belles institutions dont elle s’enorgueillit aujourd’hui.

Au milieu de ses travaux multipliés, Grégoire sut faire triompher les idées de bienfaisance qui l’avaient si vivement préoccupé au début de sa carrière publique. Le 27 juillet 1793, il demanda et obtint la suppression de la prime accordée pour la traite des nègres, prime que l’on évaluait à deux millions et demi de francs. Élu membre de la Commission coloniale, des tentatives avaient été faites pour l’éloigner de toute discussion sur cette matière ; il avait même reçu une lettre, signée de plusieurs colons, qui menaçaient de le dénoncer à la Convention s’il ne se retirait du comité : mais il se borna à donner lecture de cette lettre à l’Assemblée, en ajoutant : « J’ai fait la longue et triste expérience qu’on ne défend pas impunément l’humanité et la justice ; et je n’en serai, dans toutes les circonstances, que plus acharné à plaider la cause de la justice et de l’humanité, même en faveur de mes ennemis… J’attendrai avec intrépidité mes accusateurs ; j’attendrai avec calme votre jugement. »