Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/121

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même, qu’ils tendent ou non le cou. Qu’importe ! Il est préférable de ne pas le tendre.

Quelquefois les agneaux se changent en lionnes, en tigresses, en pieuvres.

C’est bien fait ! Il ne fallait pas séparer la caste des femmes de l’humanité. Est-ce qu’il n’y a pas des marchés où l’on vend, dans la rue, aux étalages des trottoirs, les belles filles du peuple, tandis que les filles des riches sont vendues pour leur dot ?

L’une, la prend qui veut ; l’autre, on la donne à qui on veut.

La prostitution est la même, et chez nous largement est pratiquée la morale océanienne.

Hi chère ! pas lélé les tayos qui comptent les nemos pour quelque chose !

Esclave est le prolétaire, esclave entre tous est la femme du prolétaire.

Et le salaire des femmes ? Parlons-en un peu : c’est tout simplement un leurre, puisque, étant illusoire, c’est pire que de ne pas exister.

Pourquoi tant de femmes ne travaillent-elles pas ? Il y a deux raisons : les unes ne trouvent pas de travail ; les autres aiment mieux crever de faim, dans un trou si elles peuvent, au coin d’une borne ou d’une route si elles n’ont plus d’abri, que de faire un travail qui leur rapporte tout