Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/123

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Ce sont des armes maintenant, armes d’esclaves, muettes et terribles ; il ne fallait pas les mettre entre leurs mains ! c’est bien fait !

Partout, l’homme souffre dans la société maudite ; mais nulle douleur n’est comparable à celle de la femme.

Dans la rue, elle est une marchandise.

Dans les couvents où elle se cache comme dans une tombe, l’ignorance l’étreint, les règlements la prennent dans leur engrenage, broyant son cœur et son cerveau.

Dans le monde, elle ploie sous le dégoût ; dans son ménage le fardeau l’écrase ; l’homme tient à ce qu’elle reste ainsi, pour être sûr qu’elle n’empiétera ni sur ses fonctions, ni sur ses titres.

Rassurez-vous encore, messieurs ; nous n’avons pas besoin du titre pour prendre vos fonctions quand il nous plaît !

Vos titres ? Ah bah ! Nous n’aimons pas les guenilles ; faites-en ce que vous voudrez ; c’est trop rapiécé, trop étriqué pour nous.

Ce que nous voulons, c’est la science et la liberté.

Vos titres ? Le temps n’est pas loin où vous viendrez nous les offrir, pour essayer par ce partage de les retaper un peu.

Garder ces défroques, nous n’en voulons pas.