Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/158

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dans la rue, le vrai drame, celui de l’humanité ; les bardits chantaient l’épopée nouvelle, il n’y avait plus de place pour autre chose.

Les écoles professionnelles pour lesquelles nous aimions M. Jules Simon, avaient alors tout notre enthousiasme. Quelques poignées de jeunes filles, à peine, y étaient sauvées de l’apprentissage et pourvues d’états ou de diplômes, suivant leurs aptitudes ; des artistes en sortirent et nous disions : — Voici venir la République ; cette poignée ce sera toutes. Hélas !

À l’école professionnelle de Mme Paulin, pendant le siège, des femmes de toutes les positions sociales se réunissaient, et toutes eussent préféré mourir plutôt que de se rendre. On émiettait le mieux qu’on pouvait tous les secours qu’on se procurait, rançonnant ceux qui pouvaient l’être en disant : — Il faut que Paris résiste, résiste toujours. C’était la Société pour les victimes de la guerre.

Je les revois toutes telles qu’autrefois, à quelques-unes près. J’ignore celles qui vivent encore, mais pas une d’elles n’a failli, — celles-là n’étaient pas de ces franc-fileuses qui, au jour de la défaite, fouillèrent du bout de leur ombrelle les yeux des fédérés morts.

La première visite que je pus avoir, étant pri-