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Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/160

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une école professionnelle gratuite rue Thévenot ; chacune de nous y donnant quelques heures, trois fois par semaine, et la Société pour l’instruction élémentaire se chargeant du loyer, la maison marchait ; un de nos professeurs, que nous appelions le docteur Francolinus, y déployait une activité diabolique. Quelquefois la police de l’Empire nous faisait le plaisir d’assister à nos cours, cela faisait rire et on enlevait mieux son heure de leçon en donnant de temps à autre un bon coup de griffe qui attrapait par ses vilaines moustaches d’hyène l’homme qu’on appelait Napoléon III.

Les cours de littérature et de géographie ancienne étaient faits deux jours par moi, deux jours par Charles de S…, absolument de la même manière : le côté réel qu’on croirait romanesque ; l’enfance, la jeunesse, la décrépitude des villes et des peuples, pareilles à la vie de chaque être et à celle de tout le genre humain ; les villes-fantômes se dressant devant nous. Mon amie Maria A…, la directrice, avait été avec Julie L… au faubourg Antoine.

Combien de fois, nous reconduisant l’une l’autre, jusque bien par-delà l’heure où il n’y avait plus à regarder les étalages de libraires ni à lire, entre les feuillets, les livres exposés