Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/187

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Paris ne le voulut pas, on les reprit au parc Wagram.

L’élan donné par un bataillon du 6e arrondissement fut général ; l’idée était dans l’air, chaque bataillon alla reprendre ses canons ; ils passaient sur les boulevards à bras d’hommes, de femmes et d’enfants, drapeau en tête.

Des marins proposaient déjà de reprendre les forts à l’abordage comme des navires ; cette idée respirée dans l’air nous grisait.

Il n’arriva aucun accident quoique les pièces fussent chargées.

Montmartre, comme Belleville et Batignolles, avait ses canons ; ceux qu’on avait mis place des Vosges furent transportés au faubourg Antoine.

Les clubs étaient fermés depuis le 22 janvier, les journaux suspendus ; si on n’eût senti le peuple en éveil il est probable que le 18 Mars, au lieu d’être le triomphe du peuple, eût été celui d’un roi quelconque.

Le fils Badingue n’était pas encore mort ; Montmartre désarmé, c’était l’entrée du souverain, Bonaparte ou d’Orléans, qu’eussent protégé l’armée trompée ou complice et les Prussiens établis dans les forts.

Elle ne voulut point, cette fois, être complice,