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Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/203

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comme à l’assaut des buttes ! Et tous avaient monté au pas de charge, et nous marchions au devant des mitrailleuses qu’on roulait, disant à une vieille qui était avec nous, parce qu’on avait fusillé son mari, et qui allait crier : que c’était une formalité chaque fois que des prisonniers arrivaient.

Elle se tut.

Nous étions sûrs qu’il n’y aurait qu’un seul cri : Vive la Commune !

On retira les mitrailleuses. En passant à Versailles, des petits crevés avaient tiré sur nous comme sur des lièvres ; un garde national eut la mâchoire cassée ; je dois cette justice aux cavaliers qui nous conduisaient, qu’ils repoussèrent les petits crevés et leurs drôlesses qui venaient à la chasse aux prisonniers.

Satory ! On appelait pendant la nuit des groupes de prisonniers.

Ils se levaient de la boue où ils étaient couchés sous la pluie, et suivaient la lanterne qui marchait devant ; on leur mettait sur le dos une pelle et une pioche pour faire leur trou, et on allait les fusiller.

La décharge s’égrenait dans le silence de la nuit.

Après m’avoir dit qu’on me fusillerait le len-