Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

instrument au lieu d’avoir frappé en haut où on commande.

On permit enfin à ma mère de me voir, mais ce fut longtemps après.

À la prison des Chantiers, comme partout, des épisodes comiques.

Une sourde muette y passa quelques semaines pour avoir crié : « Vive la Commune ! » Une vieille femme paralysée des deux jambes pour avoir fait des barricades !

Une autre tourna pendant trois jours autour de la salle, son panier à un bras, son parapluie sous l’autre.

Il y avait dans ce panier des chansons composées par son maître à la louange des vainqueurs, et qu’on avait cru à celle de la Commune avec des vers tels que celui-ci.

Bons messieurs de Versailles, entrez dedans Paris.

Mais vite le rire mourait sur les lèvres.

Les cris des folles, l’inquiétude pour les parents, pour les amis, dont on ignorait le sort, les pauvres mères seules au logis…

Mais on est fier dans la défaite et les drôles et drôlesses, qui venaient voir les vaincus de Paris comme on va voir les bêtes au Jardin des Plantes,