Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/213

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bre. Elle n’était pas plus froide quand je l’arrangeai dans son cercueil.

La terre était toute blanche de neige, il y avait six mois que les tueries chaudes étaient terminées. Le 28 novembre commencèrent les froids assassinats.

En avons-nous des morts et de la tuerie chaude et de la curée froide !

Flourens, tué dans un guet-apens aux avant-portes, pour le punir d’avoir laissé certaines gens filer le 31 octobre, par les fenêtres, les portes, les water-closets ; il ne faisait pas la chasse aux vaincus.

Et Duval, et Varlin, et Cerisier, et le vieux Delescluze, le grand Jacobin, et tous les autres dont la liste emplirait des volumes, et tous les inconnus qui dorment sous Paris.

Quelquefois, dans un coin de cave ou de rue, on trouve des squelettes et on ne sait pas d’où ils viennent ; on appelle cela une affaire mystérieuse. Est-ce que tout n’a pas été charnier à la victoire des royalistes de Versailles ?

Et la plaine de Satory, si on la fouillait, est-ce qu’on n’y trouverait pas des cadavres ? On avait beau, partout, les couvrir de chaux vive, la charrue en retournera, les pavés soulevés en montreront.