Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/222

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

J’ai parlé du cours de jeunes gens commencé par Verdure.

Verdure fut le premier que je demandai en arrivant à la presqu’île Ducos : il venait de mourir.

Les correspondances n’étaient point encore régulières ; les lettres qu’il attendait depuis si longtemps arrivèrent ensemble, en paquet, après sa mort.

Le maître dort là-bas : que sont devenus maintenant les élèves ?

Muriot s’est tué, les autres s’en vont par la vie où leur titre de déporté ne doit pas leur ouvrir les portes des ateliers.

Plusieurs ont une intelligence remarquable. Le gouvernement d’Aleyron fut une époque de folie furieuse ; on tira sur un déporté rentrant chez lui quelques instants après l’heure fixée ; il y avait aux appels des provocations insensées ; les déportés, comme punition, étaient privés de pain.

Le comique — il y en a toujours — fut de placer autour de Numbo, pendant la nuit, des factionnaires dont les appels, au milieu du silence, faisaient un effet d’opéra.

J’avoue avoir pris grand plaisir à ce spectacle : on aurait dit une représentation de la Tour de