Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/248

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l’ivresse des accords du marbre fait chair, des instruments rendant la voix humaine, de la toile palpitant comme la vie ? Le marbre peut-être ! Le marbre magnifique et sans voix serait bien le poème terrible de la revendication humaine.

Non, ni le marbre, ni les couleurs, ni les chants, ne peuvent la dire, seuls, la Marseillaise du monde nouveau ! Il faut tout, tout délivrer, les êtres et le monde, les mondes peut-être, qui sait ? Sauvages que nous sommes !

Que voulez-vous qu’on fasse de miettes de pain, pour la foule des déshérités ? Que voulez-vous qu’on fasse du pain sans les arts, sans la science, sans la liberté ?

Allons, allons, que chaque main prenne un flambeau, et que l’étape qui se lève marche dans la lumière !

Levez-vous tous, les grands chasseurs d’étoiles !

Les hardis nautoniers, dehors toutes les voiles, vous qui savez mourir !

Allons, levez-vous tous, les héros des légendes des temps qui vont surgir !

Nous parlons d’atavisme ! Là-bas, tombées avec les roses rouges du clos, mortes avec les abeilles, sont des légendes de famille. Ceux qui me les disaient n’en diront plus jamais.

Pareilles à des sphinx, elles se penchent enve-