Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/294

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étaient respectés, puisqu’on nous traitait avec égard.

J’ai conservé beaucoup de mes correspondances jusqu’au retour ; elles ont sombré depuis avec bien d’autres choses.

Je les ai regrettées ; il y avait des lettres simples et grandes, des vers de bien des déportés, et une dédicace fort jolie qu’un camarade, zélé protestant, avait inscrite sur le premier feuillet d’un livre pieux ; je jetai le livre par-dessus bord en conservant la dédicace ; elle avait un parfum de myrrhe et de cinnamome.

Quelques lettres, beaucoup même, étaient pleines du souvenir des absents ; nous les laissions moins libres, sous le reflux de la réaction triomphante, que nous ne le serions dans les déserts calédoniens.

Les seuls fragments qui restent sont quelques strophes de moi et une pièce de vers de Rochefort que voici :


À MA VOISINE DE TRIBORD ARRIÈRE.

J’ai dit à Louise Michel :
Nous traversons pluie et soleil
Sous le cap de Bonne-Espérance.
Nous serons bientôt tout là-bas,
Eh bien, je ne m’aperçois pas
Que nous ayons quitté la France !