Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/296

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Nous avons, êtres imprudents,
Bravé bien d’autres coups de dents
Car ceux dont la main s’est rougie
Dans des massacres de Karnak
Donneraient au plus vieux Kanak
Des leçons d’anthropophagie !

Ira-t-on comparer jamais,
L’Osage qui se fait des mets
D’un corps mort trouvé dans les havres,
À ces amis de feu César
Qui pour le moindre balthazar
S’offraient trente mille cadavres ?

L’Osage, on ne peut le nier,
Assouvit sur son prisonnier
Des fringales souvent fort vives ;
Mais avant de le cuire à point,
Il lui procure un embonpoint
Qui fait honneur à ses convives.

Je connais un Pantagruel,
Non moins avide et plus cruel.
Les enfants, les vieillards, les femmes,
Que tu guettes pour ton dîner,
Avant de les assassiner,
Ô Mac-Mahon, tu les affames !

Puisque le vaisseau de l’État
Vogue de crime en attentat,
Dans une mer d’ignominie ;
Puisque c’est lui, l’ordre moral,
Saluons l’océan Austral
Et restons sur la Virginie !