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après la mort de son mari ; c’est tout ce que j’ai d’eux.


LA MORT

Le deuil est descendu dans ma triste demeure :
La Mort pâle au foyer est assise et je pleure.
Tout est silence et nuit dans la maison des morts.
Plus de chants, plus de joie, où vibraient des accords.
On murmure tout bas, et comme avec mystère.
C’est qu’on ne revient plus quand on dort sous la terre.
Pour jamais son absence a fait cesser les chants.


Ces tristes accents sont d’un souffle bien faible, comparés aux vers charmants que je n’ai plus.

Tout s’est évanoui, jusqu’à la guitare de mon grand-père, émiettée pendant que j’étais en Calédonie. Ma mère en pleura longtemps.

Combien étaient différentes mes deux grand’mères ! L’une, avec son fin visage gaulois, sa coiffe de mousseline blanche, plissée à fins plis, sous laquelle passaient ses cheveux arrangés en gros chignon sur son cou ; l’autre, aux yeux noirs, pareils à des braises, les cheveux courts, enveloppée d’une jeunesse éternelle, et qui me faisait penser aux fées des vieux récits.

Mon grand-père, suivant la circonstance, m’apparaissait sous des aspects différents ; tan-