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Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/322

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Le déporté Place, dit Verlet, ayant également répondu pour sa compagne, dont la conduite mérite le respect de toute la déportation, à six mois de prison et 500 francs d’amende et, de plus, ce que rien au monde ne pourrait lui rendre, son enfant, né pendant sa prison préventive, est mort par suite des tourments éprouvés par sa mère qui le nourrissait.

Il ne lui fut pas permis de voir son enfant vivant.

D’autres déportés, Cipriani, dont la dignité et le courage sont connus, à dix-huit mois de prison et 3, 000 francs d’amende ; Nourny ; condamnation à peu près semblable pour lettres insolentes bien méritées par l’autorité.

Dernièrement, le citoyen Malézieux, doyen de la déportation, se trouvant assis le soir devant sa case en compagnie des déportés qui travaillent avec lui, un gardien ivre l’accusa de tapage nocturne, le frappa et il fut de plus mis en prison.

Chez nos aimables vainqueurs, le plaisant se mêle au sévère : il se trouve que les gens qui ont le plus travaillé depuis leur arrivée sont sur la liste des retranchés. Un déporté se trouve porté à la fois sur les deux listes, le Journal officiel de Nouméa en fait preuve : sur l’une comme puni pour refus de travail, sur l’autre comme récompensé pour son travail.

Je passe une provocation faite à l’appel du soir, quelques jours avant l’arrivée de M. de Pritzbuer. Un gardien, connu pour son insolence, menaçait les déportés, son revolver à la main. Le plus profond mépris fit justice de cette provocation et de bien d’autres depuis. MM. Aleyron et Ribourt cherchaient à se justifier.

Il est probable que d’autres listes de retranchés vont faire suite à la première et comme le travail n’existe pas, toutes les communications ayant été coupées depuis trop longtemps pour qu’on ait rien tenté et, de plus, le métier d’un certain nombre de déportés exigeant des pre-