Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/382

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une poupée de bois, se présente boulevard Ornano, 45, où nous demeurions ma mère et moi.

— Mademoiselle Michel ? me dit-il, en oubliant d’ôter son tuyau de poêle et en battant sa patte droite d’une petite badine.

— C’est moi.

— Non, ce n’est pas vous.

— Comment ! ce n’est pas moi ?

— Allons donc ! je connais Louise Michel, j’ai vu son portrait au Salon.

— Eh bien ?

— Eh bien ! tâchez de ne pas vous moquer de moi, et puis ce n’est pas une femme qui a chevaux et voitures qui ouvre elle-même sa porte. Allez me la faire venir ! Je vous répète que ce n’est pas elle qui ouvre la porte.

— C’est elle qui la ferme aussi.

Et là-dessus comme le bonhomme n’était pas tout à fait dedans, je le pousse tout à fait dehors, la porte sur le nez. Il déblatère un peu derrière et puis je l’entends qui descend déblatérant toujours.

C’était bien vrai qu’on me disait chevaux et voitures et qu’on faisait semblant de croire que les réunions étaient à mon profit.

Comme ceux qui les organisaient savent ce qui en était fait, j’avoue que je ne m’occupais guère de ces racontars méchamment bêtes.