audacieux, des lutteurs impitoyables, il le faut bien.
Est-ce que vous croyez qu’on choisit, pour tirer les gens de l’eau où ils se noient, si on les prend par les cheveux ou autrement ? La Révolution agit ainsi pour tirer l’humanité de l’océan de boue et le sang où des milliers d’inconnus servent de pâture à quelques requins.
Allons, me voilà emballée ! Je reprends mon récit.
Après mon arrestation pour l’affaire de l’anniversaire Blanqui, Marie tomba malade.
Depuis dix ans elle souffrait d’une maladie de cœur ; toute émotion lui était fatale ; elle en eut une violente me voyant arrêtée.
Pauvre Marie !
Elle dort dans un grand châle rouge qu’on m’avait donné pour faire au besoin une bannière ; il a fait un linceul ; pour nous c’est la même chose maintenant.
Mes amis, puisqu’il faut nous dire qu’elle est morte,
Qu’au seuil de nos prisons, nous ne la verrons plus ;
Puisque du froid néant nul ne rouvre la porte,
Que vers les trépassés nos cris sont superflus ;
Parlons d’elle un instant ; que son nom nous reporte
Vers ceux que nous avons perdus.