Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/396

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nous avions formé depuis longtemps, de créer un établissement plus que modeste, mais enfin où les anciens proscrits devenus incapables de travailler — ou plutôt — à qui on refuse du travail, car les communards sont fiers, et d’autres déjà ont pris la route du père Malézieux — où, disons-nous, les meurt-de-faim anciens et nouveaux eussent au moins trouvé un peu de pain et quelques gouttes de bouillon, sans autre titre que la misère. Avec des réunions, nous pensions entretenir cette maison qui, tenue par des infirmes sous ce titre, Bouillon des proscrits, eût peut-être sauvé des désespérés.

Les journaux anglais, même les plus aristocratiques et les plus réactionnaires, rendirent compte avec une grande impartialité de mes conférences de Londres. Cette bienveillance relative était due peut-être à la mauvaise foi de quelques feuilles bourgeoises du département du Nord.

Rien de plus favorable aux gens, que d’en dire trop de mal. Après un bon éreintement on s’aperçoit de suite des plus grossières exagérations.

Quant aux comptes rendus des journaux opportunistes de Paris, ils étaient tous faits sur le même cliché. Ils n’avaient pas besoin d’envoyer des reporters. Il leur suffisait de connaître le nom de la salle où je parlais, le sujet traité et le