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VRONCOURT

C’est au versant de la montagne, entre la forêt et la plaine ; on y entend hurler les loups, mais on n’y voit pas égorger les agneaux. À Vroncourt on est séparé du monde. Le vent ébranle le vieux clocher de l’église et les vieilles tours du château ; il courbe comme une mer les champs de blé mûr ; l’orage fait un bruit formidable et c’est là tout ce qu’on entend. Cela est grand et cela est beau.


L’ouvrage était, non moins que la Haute-Marne légendaire, illustré de charbonnages par le même auteur.

On y voyait la Fontaine aux Dames avec l’ombre des saules sur l’eau et sur cette ombre se détachaient les blanches lavandières (d’après la description de Marie Verdet).

Déye, disait-elle, cé serot pas le peine si va feyiez un live su Vroncot et peu qu’elles y serent mie !

Aussi j’avais mis les trois fantômes sous les saules.

Il y en ai eune que brache le temps passé, disait Marie Verdet, l’autre que gémit lesjés d’auden et l’anté ceux de demain.

Les pâles lavandières qui gémissent sous les branches, l’une sanglotant les jours passés, l’autre pleurant ceux d’aujourd’hui, la troisième ceux de demain, ne rappellent-elles pas les nornes ?