Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/458

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Devant le no 45 du boulevard Ornano, l’affluence était telle que toute circulation était devenue impossible.

À onze heures précises — trop précises, car des milliers de citoyens sont arrivés dans la demi-heure qui a suivi le départ, — le cercueil a été placé sur le corbillard.

Louise Michel, avant de retourner à Saint-Lazare, a voulu placer auprès du corps de sa mère quelques souvenirs : une photographie d’elle accoudée sur un rocher, encadrée de peluche rouge ; une mèche de ses cheveux attachée avec un ruban noir et mélangée au bouquet d’immortelles rouges qu’elle a rapporté de l’enterrement de son amie Marie Ferré ; le portrait de cette dernière ; enfin quelques-unes des fleurs apportées à la malade ces derniers jours.

Le citoyen Clémenceau était venu présenter ses condoléances à la famille et s’excuser de ne pouvoir suivre le cortège.

De nombreuses couronnes ont été déposées sur le cercueil et derrière le char : À la mère de Louise Michel, l’Intransigeant ; la Libre Pensée ; la Bataille ; etc. ; beaucoup de bouquets aussi, formée de fleurs naturelles, viennent se mêler aux couronnes. Celle de Louise Michel est en perles noires et ne porte que ces mots : À ma mère !

Le cortège s’est mis en marche dans l’ordre suivant :

Immédiatement après le char venait le plus proche parent de la défunte, M. Michel, vieillard à cheveux blancs, accompagné de ses deux filles, les cousines de la prisonnière.

Derrière, marchaient le citoyen Henri Rochefort, son fils aîné, Vaughan et toute la rédaction de l’Intransigeant.

Venaient ensuite les compagnons de lutte de la citoyenne, ceux qui la suivirent dans la proscription et qui continuent dans la presse ou à la tribune le combat révolutionnaire. Citons notamment : Alphonse Humbert, Joffrin, Eudes, Vaillant, Granger, Lissagaray, Champy, Henri Maret, Lucipia, Odysse Barot, S. Pichon, conseiller municipal de Paris ; Antonio de la Calle, ancien membre du gouvernement révolutionnaire de Carthagène ; Moïse, conseiller d’arrondissement ; Frédéric Cournet ; Victor Simond et Titard, du Radical, etc., beaucoup d’anciens déportés de la presqu’île Ducos et de forçats de l’île Nou.

Signalons encore la présence du citoyen Deneuvillers, ancien proscrit de 1871, correspondant de l’Intransigeant à Bruxelles ; du citoyen Théleni, représentant du Radical des Alpes : Bariol, délégué du cercle des Droits de l’homme (Vau-