Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/463

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bien elles étaient indispensables l’une à l’autre. La mère vivait de cette atmosphère d’amour filial dont l’entourait sa fille. En la lui enlevant, vous l’avez tuée, et cette mort entraînera peut-être une seconde victime.

« Après elle, ce sera le tour de Kropotkine, qui agonise dans les cachots ; puis viendront les autres, plus obscurs mais non moins malheureux.

« Et vous ne voulez pas que nous nous emparions de ces cadavres, que nous nous rallions autour d’eux dans une même pensée de défense légitime contre ces voleurs de milliards qui ruinent notre malheureux pays en attendant qu’ils le vendent à l’enchère !

« C’est là le pacte de danger, de vengeance et de justice que nous sommes venus signer devant la tombe de Ferré, assassiné par les balles versaillaises, devant le cercueil de cette femme empoisonnée par la douleur.

« Il me reste à dire, de la part de nos amis et collaborateurs de l’Intransigeant, au nom desquels je prends la parole, de la part de ceux qui combattirent à côté de la vaillante citoyenne, qui partagèrent ces supplices de la proscription et ses joies du retour, combien nous sommes touchés de la douleur qui afflige notre amie Louise Michel, et combien nous voudrions en alléger le poids, si l’amitié et l’estime pouvaient être des compensations à une telle perte. »


Le citoyen Chabert s’exprime en ces termes :


« Ici, dit-il, il y a unanimité entre les socialistes comme au jour de la bataille où tous, les armes à la main, on descendra sur le terrain.

« Tous, nous sommes d’accord sur le but, nous ne différons que sur le choix des moyens.

« Déjà, on peut voir poindre le jour des revendications sociales, car les opportunistes bourgeois ne se contentent plus de tuer les hommes : ils tuent maintenant les femmes.

« Soyons unis et à l’avance déclarons bien que, si nous devenons les maîtres, nous ne voulons plus aucune forme de gouvernement.

« Il faut que le peuple soit enfin le maître.

« Ceux de nos élus qui chercheraient à nous tromper et à s’ériger en gouvernants, nous n’avons à les châtier que par la mort.