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Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/485

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M. le président : L’avez-vous vue habillée en garde national ? — R. Oui, une fois, vers le 17 mars.

D. Portait-elle une carabine ? — R. Je l’ai dit, mas je ne me rappelle pas bien ce fait.

D. Vous l’avez vue se promenant en voiture, au milieu des gardes nationaux ? — R. Oui, monsieur le président, mais je ne me rappelle pas exactement les détails de ce fait.

D. Vous avez aussi déjà dit que vous pensiez qu’elle s’était trouvée au premier rang quand on avait assassiné les généraux Clément Thomas et Lecomte ? — R. Je ne faisais que répéter ce qu’on avait dit autour de moi.


M. le capitaine Dailly prend la parole. Il demande au conseil de retrancher de la société l’accusée, qui est pour elle un danger continuel. Il abandonne l’accusation sur tous les chefs, excepté sur celui de port d’armes apparentes ou cachées dans un mouvement insurrectionnel.

Me Haussmann, à qui la parole est ensuite donnée, déclare que devant la volonté formelle de l’accusée de ne pas être défendue, il s’en rapporte simplement à la sagesse du conseil.


M. le président : Accusée, avez-vous quelque chose à dire pour votre défense ?

Louise Michel : Ce que je réclame de vous, qui vous affirmez conseil de guerre, qui vous donnez comme mes juges, qui ne vous cachez pas comme la commission des grâces, de vous qui êtes des militaires et qui jugez à la face de tous, c’est le champ de Satory, où sont déjà tombés nos frères.

Il faut me retrancher de la société ; on vous dit de le faire ; eh bien ! le commissaire de la République a raison. Puisqu’il semble que tout cœur qui bat pour la liberté n’a droit qu’à un peu de plomb, j’en réclame une part, moi ! Si vous me laissez vivre, je ne cesserai de crier vengeance, et je dénoncerai à la vengeance de mes frères les assassins de la commission des grâces…

M. le président : Je ne puis vous laisser la parole si vous continuez sur ce ton.

Louise Michel : J’ai fini… Si vous n’êtes pas des lâches, tuez-moi…


Après ces paroles, qui ont causé une profonde émotion dans l’auditoire, le conseil se retire pour délibérer. Au bout de