Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/490

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été condamnée à quinze jours de prison pour la manifestation de Blanqui.

D. Vous prenez donc part à toutes les manifestions ? — R. Hélas oui ! Je suis toujours avec les misérables.

D. C’est pour cela que vous avez assisté à la manifestation de l’esplanade des Invalides. Quel résultat en espériez-vous ? — R. Une manifestation pacifique est toujours sans résultat, mais je pensais que le gouvernement userait de ses moyens habituels et qu’une manifestation serait balayée par le canon et il eût été lâche de ma part de ne pas y aller.

D. Vous avez recruté des adhérents pour cette manifestation, Connaissiez-vous Pouget ? — R. J’avais rencontré Pouget dans quelques réunions.

D. Pouget était votre secrétaire. C’était lui qui devait distribuer en province les brochures propageant vos idées. Il recueillait le nom de vos adhérents. — R. Ce ne sont pas à proprement parler des adhérents. Ce sont des personnes curieuses de nos idées.

D. Vous êtes le chef d’une petite manifestation spéciale qui a suivi la manifestation générale, mais nous devons d’abord nous occuper de celle-ci. Vous êtes allés aux Invalides et vous avez rencontré Pouget ? — R. Oui, monsieur.

D. Étiez-vous d’accord avec Pouget et Mareuil pour vous rendre à l’esplanade ? — R. Non, monsieur, nous nous sommes rencontrés par hasard.

D. Est-ce qu’il n’y avait à cette réunion que des ouvriers sans ouvrage ? — Oui, monsieur.

D. Est-ce que vous croyez que cette manifestation pouvait donner du travail ? — R. Je vous ai déjà dit que non. J’y ai été par devoir.

D. La manifestation a été dispersée. N’est-ce pas à ce moment que vous avez voulu faire votre petite manifestation ? — R. Ce n’était pas une manifestation, c’était le cri des travailleurs que je voulais faire entendre.

D. Vous avez demandé un drapeau noir ? — R. Oui, et on m’a apporté un chiffon noir.

D. Qui est-ce qui vous l’a donné ? — R. Un inconnu.

D. On ne trouve pourtant pas si facilement et par hasard un drapeau sur l’esplanade des Invalides ? — R. Il suffit d’un haillon noir et d’un manche à balai.