demandons que du pain » ? — R. Je n’ai pas dit : « Ne me faites pas de mal, » mais j’ai peut-être dit : « Nous ne demandons que du pain, on ne vous fera pas de mal. »
D. En somme la boulangerie de M. Bouché a été complètement pillée. — R. Je n’ai même pas vu de boulangerie, je ne connais pas M. Bouché.
D. La boutique avance sur la rue ; elle crève les yeux. — R. Je ne pensais qu’à la misère, je ne pensais pas aux boutiques des boulangers.
D. Vous êtes arrivée ensuite devant la boutique de M. Augereau ? — R. Je ne connais pas M. Augereau.
D. Avez-vous levé votre drapeau devant cette boutique. — R. J’ai pu le lever et le baisser bien des fois.
D. Avez-vous dit : « Allez » ? — R. J’ai pu le dire mais, j’ai dû dire bien des fois : « Allons ou marchons » ; je ne m’en souviens pas.
D. Combien aviez-vous de personnes devant vous ? — R. Je ne sais pas.
D. Bref, la boutique de M. Augereau a été complètement pillée. — R. Je ne sais pas et je m’étonne que M. Augereau se soit occupé de ces misères. J’ai vu piller et tuer bien autre chose.
D. Alors cela vous est absolument indifférent ? — R. Oui, absolument indifférent.
D. Vous avez débouché ensuite sur le boulevard Saint-Germain. Vous êtes-vous arrêtée devant la boutique Moricet ? — R. Je ne sais pas et je ne comprends pas que vous me posiez une pareille question.
D. Vous êtes-vous mise à rire devant la boutique ? — R. Je ne sais pas ce qui aurait pu me faire rire ? Est-ce la misère de ceux qui m’environnaient, est-ce ce triste état de choses qui nous ramène avant 1789 ?
D. En somme vous vous prétendez étrangère à tous ces faits-là. — R. Oui, monsieur.
D. Mais ces trois commerçants dévalisés prétendent que la foule obéissait à un signal. — R. C’est inepte. Pour obéir à un signal il faut qu’il soit convenu ; il aurait donc fallu faire savoir dans tout Paris que je lèverais ou baisserais le drapeau devant les boulangeries.
D. Alors c’est un mouvement populaire instinctif. — R. C’est