Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/501

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je salue ! Puisse-t-elle se lever sur des hommes au lieu de se lever sur des ruines !


À trois heures moins un quart, le jury entre dans la chambre de ses délibérations ; il n’en sort qu’à quatre heures un quart.


Le chef du jury donne lecture du verdict. Il est affirmatif, mais mitigé par des circonstances atténuantes, en ce qui concerne Louise Michel, Pouget et Moreau, dit Gareau ; négatif pour les autres accusés.

En conséquence de ce verdict, Mareuil, Onfroy, Martinet et la femme Bouillet sont immédiatement acquittés.

Après une demi-heure de délibération, la cour rend un arrêt par lequel elle condamne les deux accusés contumaces, Gorget et Thierry, chacun à deux ans de prison, Louise Michel, à six ans de réclusion, Pouget à huit ans de réclusion, et Moreau dit Gareau à un an de prison.

Louise Michel et Pouget sont en outre placés sous la surveillance de la haute police pendant dix années.


M. le président : Condamnés, vous aurez trois jours francs pour vous pourvoir en cassation contre l’arrêt qui vient d’être rendu.

Louise Michel : Jamais ! Vous imitez trop bien les magistrats de l’Empire.


De violentes protestations, parties du fond de la salle, ont accueilli la condamnation des accusés. Quelques cris : « Vive Louise Michel ! » se font entendre et c’est au milieu du bruit et des cris les plus variés que l’audience est levée.

Le tumulte se continue en dehors et le citoyen Lisbonne, qui se fait remarquer par la véhémence de ses protestations, est expulsé du Palais. La foule continue à stationner pendant quelque temps sur la place Dauphine.

NOTE

Puisque c’est aujourd’hui à la foule que je m’adresse, je dirai ce que je n’ai pas cru devoir dire devant l’accusation ; nous ne chercherions pas à apitoyer nos juges (chose inutile du reste ; nous sommes jugés d’avance).