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Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/66

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Cet oncle est mort en Afrique il y a bien des années.

Puisque je suis retournée aux jours de mon enfance, laissez-moi regarder encore à cette époque (si le livre est trop long on sautera les feuillets).

Voici le vieux moulin sur la route de Bourmont, au bas d’un coteau sauvage ; l’herbe est épaisse et fraîche dans le pré que borde l’étang.

Les roseaux font du bruit, froissés par les canards ou poussés par le vent.

Dans le moulin, la première chambre est obscure, même en plein jour ; c’est là que l’oncle Georges lisait tous les soirs.

Que de choses il avait apprises en lisant ainsi !

Tous, vivants et morts, les voici à la place d’autrefois.

Les voilà, tous les chers ensevelis ! Les vieux parents de Vroncourt semblables aux bardes ; les sœurs de ma grand’mère Marguerite avec les coiffes blanches, le fichu attaché sur le cou par une épingle, le corsage carré, tout le costume des paysannes qu’elles gardèrent coquettement depuis le temps de leur jeunesse (où on les appelait les belles filles) jusqu’à leur mort : leurs trois noms étaient simples comme elles, Marguerite, Catherine, Apolline.