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Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/74

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J’avais dit aux enfants que c’était un sacrilège que d’assister à une prière pour cet homme ; aussi les petits sabots noirs couraient, couraient, pressés, faisant un gentil bruit sec comme la grêle, le même petit bruit sec que firent, le 22 janvier 1871, les balles pleuvant des fenêtres de l’Hôtel de Ville sur la foule désarmée.

J’entendis plus tard d’autres sabots sonner tristement, grands et lourds ceux-là, aux pieds fatigués des prisonnières d’Auberive.

Ils sonnaient avec une triste cadence sur la terre gelée, tandis que la file silencieuse passait, lentement devant les sapins chargés de neige.

D’Audeloncourt, j’envoyais des vers à Victor Hugo ; nous l’avions vu, ma mère et moi, à Paris, à l’automne de 1851, — et il me répondait de l’exil comme il m’avait autrefois répondu de Paris, à mon nid de Vroncourt et à ma pension de Chaumont. J’envoyais aussi quelques feuilletons aux journaux de Chaumont.

J’en ai des fragments moins fragiles que les mains chéries qui me les ont conservés.

De ces feuilletons je cite une phrase qui m’attira l’accusation d’insulte envers sa Majesté l’Empereur, accusation bien méritée du reste, et qui eût pu être motivée par bien d’autres phrases.