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LE CHÊNE

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Elle est debout sous le grand chêne,
Sous le grand chêne de trente ans.
Des rameaux de rouge verveine
Enlacent ses cheveux flottants.

Dans la forêt aux noirs ombrages,
Règne le silence sans fin.
Les bardes chantent ; les eubages
Vont tendre leur nappe de lin.

Longtemps l’écho des chants suprêmes
Vibre après que le chant s’est tu,
Et les luths résonnent d’eux-mêmes,
Le rameau spectral abattu.

De larges coupes sur le chêne
Versent le sang du taureau blanc ;
Mais la victime, dans sa peine,
Pousse un triste gémissement.

Devant le sinistre présage,
La prêtresse parle au destin.
À l’horizon gronde l’orage ;
Il faut un sacrifice humain,

Un sacrifice volontaire.
Celui qui vient est jeune encor.
Il veut que son sang sur la terre
Soit versé par la serpe d’or.