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Page:Mémoires de Madame d’Épinay, Charpentier, 1865.djvu/122

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MÉMOIRES DE MADAME D’ÉPINAY.

possibles. La marquise d’Houdetot, à notre arrivée, se leva avec précipitation et vint, les bras ouverts, embrasser mon beau-père, ma mère, Mimi et moi, qu’elle n’avoit jamais vue. Après cette embrassade, le vieux Rinville prit mon beau-père par la main et le présenta en cérémonie à madame d’Houdetot, qui, à son tour, lui présenta son fils et son mari : et nous fûmes tous de nouveau présentés et embrassés. La marquise est une femme de taille moyenne ; elle paroît avoir au moins cinquante ans. Elle a encore la peau extrêmement belle, quoiqu’elle soit très-maigre et très-pâle. Ses yeux sont pleins d’esprit et de feu. Tous ses mouvements sont précipités et violents ; et, malgré sa vivacité, on voit clairement

    elets de sable. Le P. Anselme a donné sa filiation, sans parler de son blason moderne. Ces armes sont d’argent, à la bande d’azur diaprée d’or, de trois pièces, celle du milieu chargée d’un lion, et les deux autres d’une aigle à deux têtes d’or.


    La terre de Houdetot était en Caux, sur la paroisse de Veauville-sur-les-Baons, élection de Caudebec. L’aveu de ce fief se rendait au roi.

    Un seigneur de Houdetot, Jean, alla, en effet, à Jérusalem en 1024 ; un autre, et peut-être le même seigneur, suivit Guillaume de Normandie en Angleterre. Au seizième siècle, un d’Houdetot (pour bien faire il faudrait toujours écrire : de Houdetot) épouse Perronne Chenu, fille de Perrot Chenu, prince d’Yvetot. Voilà donc madame d’Houdetot entrée dans la famille du roi d’Yvetot. On arrive ainsi, pour abréger, aux d’Houdetot du dix-septième siècle.

    Le beau-père de madame d’Houdetot, dont il s’agit ici, est de la branche aînée (car il y a quatre ou cinq branches dans la famille, en comptant les seigneurs de Colomby, les seigneurs de Boisgribout, les seigneurs d’Auffay-la-Malet et les seigneurs du Verger. Le P. Anselme détaille toutes leurs généalogies). Il s’appelait Charles de son nom, chevalier, marquis de Houdetot, sseigneur de Grainbouville, de Saint-Laurent, lieutenant général en l’Isle-de-France et lieutenant de roi en Picardie et pays reconquis, mestre de camp du régiment d’Artois après son frère. » Né le 10 septembre 1678, il était devenu mousquetaire en 1694, lieutenant au régiment du roi le 7 décembre 1691, colonel d’un régiment d’infanterie de son nom, levé par commission du 10 décembre 1702, colonel réformé à la suite du régiment de Boufflers en 1715, brigadier en 1719, lieu-