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Page:Mémoires de Madame d’Épinay, Charpentier, 1865.djvu/168

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MÉMOIRES DE MADAME D’ÉPINAY.

pour n’être point interrompue dans les pensées que j’adresse à Francueil, mais ne pouvant résister à l’envie que j’avois de lui écrire, je suis rentrée.


lettre de madame d’épinay à m. de francueil.

Qu’avez-vous de plus à désirer ? Et puis-je vous aimer davantage, quand même j’aurois pour vous ce que vous appelez amour, au lieu de ce que j’appelle amitié ? Non, je ne vous aimerois pas plus, votre idée me suit partout, votre nom est sans cesse dans ma bouche ; les éloges qu’on vous donne me font rougir, et néanmoins me rendent vaine. Encore une fois, mon cher Francueil, si vous m’aimez d’un sentiment aussi pur et aussi vif que le mien, vous n’avez rien à désirer. Non, non, je ne suis pas jalouse, rassurez-vous, et je ne fais pas plus de cas de la jalousie que vous n’en pouvez faire ; ne me prenez au mot sur tout ce que je vous ai dit, que sur la résolution très-décidée de n’avoir point d’amant. Quant au reste, je cherchois à rendre votre tâche difficile, pour vous ôter le courage de l’entreprendre et de vous déclarer.

Il vous est encore échappé un mot dans votre lettre qui me fait de la peine ; si vous voulez que je vous aime et que je vous estime, n’appelez donc plus préjugés des principes qui doivent être et qui sont pour moi invariables ; cela est dit : n’en parlons plus, car c’est ma méthode de ne jamais revenir sur les choses dont je suis

    de la société la plus polie du dix-huitième siècle ! C’est à Épinay, le long de l’eau, que ces souvenirs auront commencé à vivre ; ils s’élèveront peu à peu sur les coteaux étagés de cet amphithéâtre ; bientôt c’est au château de la Chevrette, à Deuil, que nous irons suivre leur trace, et bientôt à l’Ermitage de Jean-Jacques, au-dessus de Montmorency, à la source des eaux du vallon, à l’orée des bois immortels.