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Page:Mémoires de Madame d’Épinay, Charpentier, 1865.djvu/181

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PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE III.

deviendrois-je, si… ? Ah ! mon cher Francueil, guérissez-vous promptement ; je ne saurois vivre et vous savoir malade. Si vous n’êtes pas demain en état de sortir, je ne sais ce que je ferai, ni si je ne risquerai pas d’aller vous voir. Adieu : j’enverrai ce soir savoir de vos nouvelles ; j’y enverrai encore demain matin. Que deviendrai-je d’ici au temps où je pourrai vous voir ?


lettre de madame d’épinay à m. de francueil.
Le 26 avril

Bon Dieu ! qu’est-il donc arrivé ? J’ai envoyé trois fois savoir de vos nouvelles. On n’a pu vous parler. On dit que vous êtes mieux ; mais que vous ne sortirez point encore aujourd’hui. Vous ne m’avez point écrit. Vous êtes mieux, Francueil, et vous ne m’avez point écrit ! Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Je n’ai osé vous écrire non plus, mais je ne puis plus y tenir. Francueil ! au nom de tout ce qui peut vous être cher, tirez-moi d’inquiétude, rendez-moi la vie. Avez-vous reçu ma lettre ? et, l’ayant reçue, que dois-je croire de ce silence ? Sûrement, on me trompe, on me cache votre état. Dites-moi ce que vous avez, comment vous êtes. Je ne croirai plus à votre amour si vous me trompez. Adieu, vous que j’adore ! Répondez-moi promptement, ne perdez pas une minute.


réponse de m. de francueil à madame d’épinay.

Vous le voulez, ma chère Émilie, il faut vous dire la vérité, pour vous prouver au moins que je ne suis pas capable de vous tromper. Mais, ô Dieu ! que je crains