faire vous-même. Il ne faut renoncer à rien qu’à votre foiblesse et à une peur déplacée, puisque vous voyez bien qu’il ne tient qu’à vous de mener tous ces gens-là.
— Laissez-moi me reconnoître, me dit-elle, et écrire à Francueil. » Je l’ai ramenée dans sa chambre, et je suis revenue dans le salon, pour voir un peu ce qui s’étoit passé pendant mon absence : je n’y ai trouvé que le chevalier. Après avoir causé un moment avec lui, j’allai retrouver Émilie. Elle n’avoit encore écrit que quatre lignes, et elle étoit dans une rêverie profonde. « Je ne sais où j’en suis, me dit-elle ; écrivez pour moi, mandez-lui tout, je n’en ai pas la force, » et j’ai pris la plume. Maintenant, pour peu que vous m’aidiez, notre cher ami, je ne désespère pas de ramener Émilie à prendre une contenance décidée, et telle qu’il lui convient de l’avoir. Mandez-moi si votre voyage sera aussi long que vous l’avez craint d’abord. Je ne serois pas fort étonnée que M. d’Épinay n’abrégeât le sien. Bonjour, monsieur ; nous attendons de vos nouvelles avec impatience. Vous pouvez continuer à m’adresser vos lettres, elles ne courent aucun risque.
Je suis au bout de ma patience, et je n’y tiens plus. Je ne sais que devenir depuis le retour de mon mari ; il continue à mener une vie toujours dissipée ; il ne me donne rien, pas même pour mon entretien le plus nécessaire, et, ce qui m’étonne, c’est que, malgré son désordre, il paroisse jaloux de moi. Il l’est jusqu’à m’épier. Il me