Page:Mémoires de Madame d’Épinay, Charpentier, 1865.djvu/63

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Madame de Maupeou la blâma, et poussa même ses railleries si loin, que ma pupille ne put se dispenser de lui confier le véritable motif de sa retraite ; elle ne l’en approuva pas davantage. « Vous êtes bien sotte, lui dit-elle ; est-ce pour rester dans la misère que vous avez épousé un homme de fortune ? Qu’est-ce que c’est que cette aisance dont on nous berce, si nous nous laissons manquer des choses les plus nécessaires ? Nos maris sont obligés de payer nos dettes, et notre honnêteté là-dessus doit se borner à n’en pas contracter d’inutiles, ni de trop outrées. À votre place je ne me refuserois aucune dépense nécessaire et convenable à mon état. » Madame d’Épinay lui représenta qu’en agissant ainsi, ses dettes viendroient nécessairement à la connoissance de son beau-père, qui croiroit qu’elle a autant de goût pour la dépense que son mari. « Eh bien ! reprit la cousine, restez dans la misère, mais au moins dissipez-vous et ne vous enterrez pas toute vive. »