Page:Mémoires de Madame d’Épinay, Charpentier, 1865.djvu/77

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couchée hier au soir très-heureusement d’un beau garçon. Elle est aussi bien qu’elle peut être ; et moi je suis fort content d’avoir à vous donner cette nouvelle, et de vous en féliciter. Votre tante et moi avons tenu ce matin sur les fonts de baptême l’enfant, qui se porte bien[1].

Ma belle-fille vous embrasse et se flatte que vous serez aussi content que nous du joli présent qu’elle nous fait. Sa mère ne la quittera point. Je m’en retourne ce soir à Épinay, pour ramener toute la maison, qui ne peut être partagée. Je ne tarderai pas à vous donner de mes nouvelles ; je compte apprendre bientôt aussi votre départ, car vous devez avoir terminé toutes les affaires de la compagnie. Songez, mon cher fils, à dépêcher votre besogne, sans en rien négliger. Lorsque vous serez prêt, je solliciterai votre congé. Votre présence devient ici nécessaire pour la satisfaction de votre chère femme, pour vos intérêts particuliers et pour nous tous. Je ne vous en dis pas davantage aujourd’hui. Adieu, mon cher fils. Je suis, comme je serai toujours, votre affectionné père.


LETTRE DE MADAME LA PRÉSIDENTE DE MAUPEOU À M. DE LISIEUX.


Je vous écris, monsieur, auprès du lit de notre accouchée. Elle m’a persécutée pour prendre la plume ; elle avoit, disoit-elle, cent choses à vous dire. J’ai cru aller écrire sous sa dictée ; mais apparemment que l’abondance de ses idées la suffoque, car depuis un quart d’heure que je suis devant cette table, l’oreille en l’air,

  1. Le baptême est daté du 26 septembre 1746 sur les registres de Saint-Roch. L’enfant reçut les noms de Louis-Joseph. Il eut, en effet, pour parrain son grand-père paternel, et sa grand mère maternelle pour marraine.