Page:Mémoires de Madame d’Épinay, Charpentier, 1865.djvu/99

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l’avois jamais vu ; madame Darty, qui le connoissoit beaucoup, nous instruisoit de ce qu’il falloit dire. Il a gardé ma tabatière pour avoir une occasion, dit-il, de me faire sa cour, et de se présenter chez moi.

Lorsque je rentrai, M. d’Épinay étoit couché et dormoit. Ce matin je ne l’ai point vu, et après le dîner il est venu dans mon appartement. « Encore au lit, s’est-il écrié ; voilà une jolie vie. Cette madame Darty vous tuera. — Non, non, ce ne sera pas elle. — Non ! et qui donc ? » Je ne répondis point ; et il alla aussitôt à mon clavecin, en chantonnant. Cette idée de musique lui vint si subitement, qu’il étoit clair qu’il redoutoit une explication ; moi, qui la voulois, je pris un livre pendant qu’il jouoit, pour le rassurer et le laisser revenir près de moi. En effet, il revint, et s’assit même sur le pied de mon lit. « Eh bien ! monsieur, lui dis-je alors, cette lettre de l’autre jour étoit donc de madame Darty ? — Sans doute ; et de qui donc, s’il vous plaît ? — Ah ! de je ne sais qui ; mais sûrement elle n’étoit pas d’elle. — Fort bien, ma-

    risque d’être roué de coups de bâton par les ordres d’un vieux banquier juif de Hollande qui s’en prétendait possesseur. Toutes ces histoires donnaient et donneraient peut-être encore de la réputation.


    Il n’a guère travaillé qu’avec Rebel. On a de lui deux opéras : Pyrame et Thisbé (1726), et Tarsis et Zélie (1728), et divers ballets et divertissements du même genre mythologique ou allégorique, suivant le goût de l’époque. Son neveu Louis-Joseph, né en 1738, mis à l’orchestre en 1752, devint maître de musique du théâtre en 1767, et c’est de son temps que date l’amélioration de la musique instrumentale de l’Opéra. Lui-même composa en 1776 un opéra intitulé Ismène et Lindor. On raconte qu’assez âgé il épousa une femme qu’il ne connaissait pas quinze jours auparavant, qui était laide, mais dont le vent avait soulevé la jupe devant lui. L’autre Francœur, à 80 ans, se fit tailler de la pierre avec succès. Le mathématicien Francœur, qui a laissé une Uranographie assez bien faite, était le fils de Louis-Joseph Wilhem ; et le créateur de l’'Orhéon et l’ami de Béranger, était son cousin.


    Rebel mourut en 1725.