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DE SUZON.


amant ne ceſſoit de me répéter qu’il étoit toujours étonné qu’on fût capable d’autant de prudence à mon âge. La Dame Marcelle étoit donc la dupe de la fauſſe piété de ſon Confeſſeur & de mon hyppocriſie, ou plutôt elle étoit notre maquerelle, ſans en avoir le moindre ſoupçon.

Je demeurai ſix ans dans ce Village avec l’eſtime de tous les honnêtes gens. Il ne s’y donnoit pas de grands repas que je n’y fuſſe admiſe ; tout le monde ſe diſputoit ma connoiſſance, Les maris me citoient à leurs femmes, comme un exemple de vertus, & les meres à leurs filles.

Il tarde sûrement au lecteur de ſavoir comment nous pouvions, le Cordelier & moi, nous voir en particulier, ſans qu’on s’apperçût de notre intrigue. Il ſe doute bien que tout ce que je faiſois, n’étoit que pour donner à une conduite des plus déréglées un vernis de ſageſſe, mais la reconnoiſſance ne me preſcrivoit-elle pas auſſi de ménager la